Je repars en Italie avec l’appréhension de participer à cette première course en solo, la 222 Mini Solo 2016, avec encore en tête l’abandon à la Mini Golfe au mois de mars. Mais je suis hyper contente de revenir en Italie et super motivée pour me tester en solitaire sur une course de 200 miles. Dans ma tête, je voulais juste prendre du plaisir et finir la course…
Arrivée à Gênes, toute l’appréhension disparaît et c’est l’enthousiasme qui prend le dessus. En retrouvant la plupart des participants du Grand Prix d’Italie, je me sens comme à la maison. Je discute comme je peux avec tout le monde en Italien. Ça me fait bien rigoler, eux aussi !
Je suis la seule fille à participer à cette course et je suis chouchoutée, ça c’est sûr : il y a du monde pour porter les voiles et le moteur, caréner le bateau… Trop bien !
Le moment du départ approche. Le bateau est prêt et la météo a l’air parfaite pour une première course en solitaire. Peu de vent annoncé, ça va être tranquille. Et voilà, on est parti. 10 nœuds annoncés, 25 au départ !!! Ça met un peu de piment, au taquet !!
Départ en douceur, un peu au milieu de la troupe, et c’est parti pour des changements incessants, typiques de la Méditerranée. On prend un ris, on le remet, on met le spi, on affale, on part au prêt, on remet le spi etc… Ça réchauffe !!!
Je passe la première marque de parcours, l’ile de Bergeggi après 4-5 heures de course. Il y a 4 bateaux derrière moi ce qui veut dire que je ne suis pas la dernière ! Mais c’est génial !!! Je me dis que mon petit bateau avance bien, qu’il ne faut peut-être pas juste finir, et qu’il y a quelque chose à jouer. Allez !! c’est partit pour se battre ! La première nuit en solitaire en course passe, une nuit sans vent. Je teste les siestes de 20 minutes. Humm, que du plaisir ce sommeil fractionné ! Il semblerait tout de même que j’ai trop dormi parce qu’au petit matin je suis dans peloton de queue (!) mais là je mets mon spi magique qui se gonfle avec un mini brin d’air et ça décolle ! Je rattrape le groupe de tête yess !!!
Ça va se jouer sur la deuxième nuit : c’est décidé, je ne dormirai pas…
Ça va se jouer sur la deuxième nuit : c’est décidé, je ne dormirai pas… Il ne faut rien lâcher ! C’est fou comme on se prend au jeu. Bon bah effectivement je n’ai pas dormi longtemps… mais un peu malgré moi à cause d’une panne de pilote pendant 6 heures. Musique à fond dans le cockpit pour ne pas m’endormir, je tiens la barre sous spi en même temps que j’essaye de trouver la panne. Tous les concurrents essayent de m’aider à diagnostiquer la panne de pilote, et après quelques explications en italien à la VHF, je réussi à refaire marcher le pilote et je m’écroule ! Après 2 séries de siestes de 20 minutes je me réveille en sursaut. Je ne comprends plus rien… Mais attends, je suis où ? Je fais quoi déjà ? Pourquoi le réveil sonne? Dans ma tête c’est le brouillard complet pendant quelques minutes jusqu’à ce que je reprenne mes esprits. Ah oui la course !!! ahh oui mais on n’est plus qu’à 20 miles. Il faut tout donner, ah oui ah oui !
Mais bon… plus personne à l’AIS (ahhhh ces petits malins, ils ont tout éteint), du coup je ne sais pas trop comment je suis placée par rapport aux autres mais dans tous les cas j’ai un Pogo 3 – 883 de Andrea Pendibene à 20 mètres derrière moi alors qu’il n’y a pratiquement pas de vent.
Une légère brise se lève, il faut décoller vite. La course c’est maintenant entre lui et moi ! Génial ce tête à tête ! Les 20 mètres de distance passent à 30, puis 35, puis 30 à nouveau… Pendant les deux heures qui suivent, la distance ne se creuse pas.
A 30 minutes de l’arrivée, j’empanne sous spi, il empanne à mon vent et dégonfle mon spi. Je suis toute triste, c’est bon, avec ça il a gagné. Le temps que je regonfle ma voile, il aura rattrapé les quelques mètres qui nous séparent. Je l’appelle à la VHF et lui dit : bravo ! C’est bon c’est pour toi la place (en italien bien sûr !). Et là, je ne comprends pas… Il n’avance pas, il ne rattrape pas les mètres qui nous séparent. Mais ??? bon bah ok, c’est pour moi alors !!!!
Et voilà, après plus de 48 heures de course, je passe la ligne d’arrivée sous spi avec un immense sourire à la sixième place et quelques minutes avant Andrea (j’apprendrai plus tard qu’il s’est pris un casier de pécheur dans le safran, pas de chance).
Et voilà !!!! Première course en solo !!! Ça c’est fait et c’était GENIALLLLLLL !!!!!