Quelques lignes pour résumer ce grand évènement !
Le bateau et moi-même on avait jamais étés aussi prêts ! je voulais prendre le temps de faire les choses bien et je suis descendue à la Grande Motte 5 jours avant la course histoire de m’assurer que j’aurais le temps de faire tous les petits travaux que j’avais en tête.
Une semaine bien remplie : installation des nouveaux bras de spi et des taquets textiles (trop la classe !!) , du mastik un peu de partout pour résoudre les problèmes d’étanchéité et une petite plongée au port pour enlever toutes ces petites algues qui risqueraient de me freiner (ahhhh j’y croyais ! malgré le fait qu’à mon niveau je ne suis pas très sure que ça change quelque chose, les algues).
Et puis surtout le check sécu, une liste de courses bien remplie, avec des allers – retours incessants au magasin d’accastillage…. C’est incroyable, il me manquait toujours quelque chose ! Impossible de faire la commande en une fois, ça aurait été trop simple. Enfin, ça me permettait de faire des petites pauses et d’aller discuter avec les vendeurs…ça change un peu du bateau en solitaire !
Enfin, après une semaine tout était au poil…. les visites des experts du Mini se sont succédées et chacun apportait sa petite graine : réglage du mat, petite formation sur le fonctionnement du GPS et de l’AIS (incroyable d’ailleurs tout ce que peut faire l’électronique quand on sait s’en servir !) et identification de tous les trucs qui pourraient potentiellement casser à bord histoire de me rassurer.
Il ne manquait plus que la préparation de la nave et c’était bon. C’est là que je commence à me rendre compte que la météo prévoit quand même beaucoup de vent…. Et comme je ne connais pas encore bien la méditerranée et ses petites surprises, je me dis que ça devrait aller (Ahhh comme je suis naïve !)
Arrive le jour J ! Ça commence déjà avec un changement de parcours dû aux conditions météo. Pour éviter de se prendre vraiment trop de vent, le comité de course décide de ne pas nous faire aller jusqu’à Narbonne. On tournera juste à une balise cardinale sud au niveau du Cap d’Agde et puis on reviendra vers le nord de la zone où les conditions de vent devraient être plus clémentes. Ok, tout est clair dans ma tête, je suis à fond, je n’ai qu’une envie c’est de décoller !
Et sur le départ au ponton, il y a tout le monde, ma mère, Pierrot et les copains ! Allez ! C’est trop bien ! 25 nœuds au départ, il y a déjà des ris un peu de partout. Je suis trop contente, et hyper concentrée. Première course en solitaire et pratiquement première course tout court ! Je me dis qu’il ne faut pas que je rate le départ ! Et voilà que je me retrouve deuxième à passer la bouée de dégagement ! C’est excellent ! Je suis déjà trop contente ! C’est parti et c’est bien parti!
Et là…les changements de voile commencent et puis ne finissent jamais. Je prends un ris, j’enlève un ris, je reprends un ris… les joies de la Méditerranée et de la tramontane. Bientôt 30 nœuds à tirer des bords au près et surtout à déplacer l’ancre et les bidons d’eau à l’intérieur du bateau…Eeeoooo ça fatigue la voile ! J’ai perdu un peu de vue les autres Minis, je vois Michel à l’AIS qui a déjà 4 miles d’avance (c’est vraiment une star celui-là !). Et puis je croise Marc qui galère un peu à faire marcher son pilote correctement. On se croise à quelques mètres lors d’un virement de bord ! Je suis contente…. Je dois sans doute être la dernière mais au moins pas très loin derrière ! C’est déjà top !
Au bout d’une heure, Marc me dit qu’il abandonne ! Ay ay ay ! Des problèmes de pilote et puis trop de vent et trop de vagues. Pour moi ça va encore, je continue. J’arrive au niveau de Sète et là je croise Agnès qui abandonne et fait demi-tour également. Pareil, quelques problèmes de pilote et des conditions un peu rudes. De mon côté, j’essaye tant bien que mal de me coller à la côte pour éviter les vagues, mais le vent continue de monter et avec 40 nœuds au près je commence à me dire que ça devient vraiment compliqué. Je pense à Agnès et Marc, je me dis que c’est peut-être bien des conditions exceptionnelles, que ça n’a pas de sens d’aller chercher une bouée qui est pile poil dans l’axe du vent alors que ça souffle si fort ! J’oublie un peu l’esprit course et je n’arrête pas de me répéter que si je n’étais pas en course ça ferait déjà longtemps que j’aurai fait demi-tour. Je perds un peu de motivation, je n’ose pas trop demander d’encouragement aux autres Minis à la VHF et je décide de faire demi-tour suite à une secousse un peu forte lors d’un virement. Faut dire que la mer hachée, les vagues qui déferlent et le vent commencent un peu à m’impressionner ! Moi qui pensais que la méditerranée ça allait être tranquille comparé à l’année passée en Irlande. Au fond de moi je me dis que sans doute le comité de course va changer le parcours ou même annuler vu les conditions… J’essaye de les joindre mais je suis hors portée VHF.
Je profite quand même pendant une heure de grands surfs à 15 nœuds ! C’est quand même de la balle ce bateau au portant ! Mais bon je vais dans le sens contraire de la course…. Pas très malin! J’arrive à proximité de la Grande Motte, le vent a diminué un peu comme annoncé, je me pose plein de questions ! Je m’en veux énormément d’avoir fait demi-tour ! J’ai le directeur de course à la VHF qui m’indique que rien ne change sur le parcours, que la course continue comme prévu. Ay ay ay ! je me dis que ce n’est pas possible ! Je ne peux pas abandonner ! Ni une ni de deux ! Je refais demi-tour. Pleine d’envie et d’énergie…. pour refaire au près tout le terrain perdu ! J’ai pris énormément de retard mais je me dis : j’arrive à la bouée du Cap d’Agde coûte que coûte !
Bon bah j’y arrive, à minuit mais j’y arrive ! ça fait 14 heures qu’on est en course, avec beaucoup de vent et je commence à être explosée. Mais je continue le parcours. Arrivée à la marque suivante, le vent forci, je me retrouve à nouveau avec 35 nœuds, le vent a tourné Nord-Ouest et je vais encore me retrouver au près. Les autres Mini, avec 5 heures d’avance sur moi, ont profité du vent de secteur Ouest pour faire ce bord au travers ! Et là je me dis qu’il faut que je me rende à l’évidence, j’arriverai jamais à finir le parcours dans le temps imparti. Zut !!! Les injures fusent … en espagnol comme à chaque fois que je m’énerve.Je m’en veux ! Je suis dégoûtée ! Je court-circuite une marque du parcours et je me dirige directement à la Grande Motte ! Je suis morte de fatigue ! ça fait 20 heures que je suis en mer, à faire pratiquement que du près avec 35 nœuds ! Je n’en peux plus ! J’arrive au port presque en même temps que les autres Mini, sauf qu’eux ils ont fini le parcours et la course et pas moi ! Je ne peux pas cacher ma déception !
Le jour d’après ce n’était toujours pas la joie pour moi… mais maintenant avec un peu de recul… je me dis que ce n’est pas bien grave et qu’au final j’aurais quand même appris beaucoup de choses. La première : si le bateau est toujours en un morceau et moi aussi, ne jamais faire demi-tour ! 🙂